Notre Embrunman, une journée riche

Une probable rude journée qui m’attend. En fait je n’en sais rien, c’est mon premier très long (qui fêtera ma 20ème saison de Triathlon, sport débuté en cadet 1).
C’est une année de nouveautés : un marathon (Mont Saint Michel), devenir organisateur (TriDuathlon de Bray-Dunes) et faire le triathlon qui m’a toujours fait rêver : Embrun.
Quelle journée :

– A 4h45, dernier zot’che à Steph qui me dépose en voiture devant l’accès à la zone Triathlon.

– Premiers instants : je discute avec les gars du clubs lors de la mise en place, j’essaie de rassurer Frédéric sur la natation, on s’encourage mutuellement, l’ambiance est bonne.
– Vers la ligne de départ avec Guillaume, on se faufile pour être en première ligne.
– Génial, on nage dans le noir, les algues se voient au fond, les nageurs à côté se distinguent à peine, quel pied de nager dans l’obscurité ; je suis la lumière  du bateau ouvreur intensifiée par les éclaboussures des premiers.

– Deuxième tour, je passe à côté de Guillaume; je sens qu’on me touche les pieds régulièrement, je sais que c’est lui qui se cale dans mon sillage, habitude de l’entraînement !
– Sortie de l’eau, Guillaume et moi se tapons dans la main, 18ème en 50’, je vais me faire déposer en vélo, les bestiaux sont derrière !

– La première boucle avant Savines est magique, on oscille entre les nuages, le soleil et la vue magnifique sur le lac.
– Rond point de Baratier : de 0 spectateurs, on se fait surprendre par la foule nombreuse, je cherche Steph et Michel, leur fait un sourire.

– Guillestre : surprise, ma sœur, son mari, mon filleul et mes neveux m’attendent avec une banderole, je leur fait un grand coucou, j’ai un vrai pincement au cœur.

– Christophe, un ancien pote du club, parti à Saint Etienne me passe, en tenant nos distances on discute un peu au sujet du bonheur de ce début de course.
– Début de l’Izoard, je regarde le compteur pour mesurer le temps de la montée (on se refait pas !)
– Casse déserte, un hélico me filme, c’est bruyant ! (au Tour de France, ils roulent avec des boules quiès ?)
– 1h00 pile après, en haut de l’Izoard, je ne peux plus compter combien de fois on m’a dit allez le ch’ti !. On m’annonce 25ème.

– Au ravito, discussion avec un bénévole au top, qui est du  Nord, qui se met à me parler de la région ; il est aux petits soins, m’essuie les lunettes. Je finis par lui dire : « désolé, mais il me reste un bout de route ».
– Dans la descente il caille vraiment !
– Briançon, escorte de motards de la gendarmerie, c’est la classe !
– Pain au jambon + bidon de coca, je pense à David Vincentz, mon sparring de juillet qui m’aurait dit à ce moment « ça remet le facteur sur le vélo ».
– Plus personne, suis-je encore sur le parcours ?
– Ca remonte, je regarde l’heure sur mon compteur, il me dit 18h30, il est fatigué ! Je demande l’heure à un spectateur pour avoir une idée du temps déjà utilisé.
– Deuxième montée, ma sœur est une nouvelle fois là, elle est au téléphone (je pense avec Steph et je suis rassuré qu’elle donne de mes nouvelles), ils m’encouragent, du coup tout le public autour en fait de même.

– Retour vers Embrun, toujours 25ème, je regarde mon chrono, 6h10, je sais qu’à cet endroit, il faut 30’ pour Chalvet et le retour au parc. Je suis surpris et heureux d’avoir si bien tenu. Je sens que j’ai fait un gros truc (à mon niveau !)
– Gare d’Embrun, encore ma sœur, c’est toujours aussi bon de les voir.
– Chalvet passe sans encombre, les jambes tournent toujours bien, la bête m’attendra sûrement sur le marathon !
– 6h42 de vélo, 30’ de mieux que mes prévisions, cool, mais ma vessie va craquer !
– Que de monde et de spectateurs sur le parcours, Embrun est vraiment un mythe !
– Transition, je me change, un regard à Steph. Je pars au toilettes, pour vider la vessie, ça ne vient pas, ça me coûte beaucoup de temps (Steph a cru à la grosse commission !). T2 = 6’.

– Les jambes répondent bien, je vérifie l’allure sur le GPS, 4’40, je ralentis, j’avais dit entre 5’ et 5’15.
– Bout du lac, je croise Zamora, le premier, je vais me prendre un tour !
– Montée de la ville : avec un reste de bombe de peinture, Steph a peint sur la route, un vrai bouton d’ascenseur !

– « Allez le ch’ti », je peux plus compter !, je croise pleins de visage connus et fait un coucou à David Niellen qui va s’attaquer à Chalvet (on se fera également une petite tape autour du lac en se croisant)
– Gobelet perdu, j’utilise mon bidon et les gobelets que je dois rendre de suite, pas grave, tant que je puisse boire, puisque je n’arrive pas à manger, mon corps ne veut plus.
– Fin du premier tour, 1h48, même pas pris un tour par le premier !

– Bout du lac, je vois la famille Wargnez, qui me soutient, c’est génial de les voir ici !
– Fin du lac, la bête de Chalvet vient de me sauter dessus, elle était tapie et m’attendait ici ! elle me mord les cuisses, il faudra tenir.
– Je rentre dans ma bulle, l’allure passe vers 5’10.
– Je repense aux sms d’encouragements : ne lâche rien !
– La Durance, il reste 12 km, je me fixe sur le km suivant uniquement, il faut le faire en 5’15 et ainsi de suite !, coca, eau et on repart.
– Haut de Baratier, il reste à descendre et à tourner autour du lac, je n’accélère pas, je ne peux plus.
– Pour la première fois, je cherche profondément les ressources mentales pour ne pas lâcher et ne pas marcher. Si je marche, je perd mon duel ; en acceptant une fois de marcher, je ne ferais plus que ça. Je pense à des moments heureux, à la chance que j’ai, à des évènements qui m’ont marqué en bien et en mal.
– Le lac, je sais que j’ai fait une bonne course et un bon marathon (je calcule 3h45 au maxi)

– Je vois Steph, les  enfants, Michel et Martine, Rudy (mon bof). Tout le monde à l’air ravi et rassuré, je vais au bout ! – Ligne d’arrivée, une tape à Michel, qui a l’air fier. Steph me donne Clément dans la main, il court avec moi les 200 derniers mètres.

– Un bisou sur la ligne, j’arrête le chrono, 3h42, contrat rempli. Je savoure le moment sur la ligne. Puis je me dis « quel chrono ? » (je n’y pensais plus !) je regarde l’horloge, 11h26. Génial, j’avais pas prévu si bien.

– Steph et Chloé se rapprochent, tous les 4 savourons l’instant, très émus. L’investissement de ces derniers mois a payé au delà des nos espérances.
– Ma sœur nous rejoint, encore une émotion !
– Je passe à la tente des kinés et tombe sur un kiné anglais, qui s’excuse de ne pas être une jeune fille et me fais une relaxation de tous le corps au lieu de me masser. Discussion en anglais et en français, c’est une sorte de kiné dont la spécialité n’existe pas en France, ça relaxe et fait un bien fou.
– C’est fini, on remballe, je vois Guillaume heureux qui a l’air de mieux marcher que moi.
– Sur le retour, l’orage arrive, grêles…, on encourage les coureurs à Baratier.
– Dans la voiture, avec Steph, on partage nos émotions, les larmes sont souvent là. Les enfants sont supers fiers, ma montée sur le podium a lieu à ce moment là !
– David Vincentz m’appelle, je suis 32ème, une cerise en plus sur le gâteau.

Une pensée pour les 4 autres finishers, bravo à Guillaume qui a montré pour son premier long le talent et la détermination qui ne le quitte jamais. Bravo à David et à Laurent d’avoir aussi bien relevé le défi. Quel mérite de se préparer dans le plat pays et d’aller au bout de l’embrunman, en plus en passant la ligne ensemble. Et bravo à Frédéric, un premier triathlon sur la distance reine est un sacré challenge, belle natation au final et constance dans l’effort. Il lui reste à essayer de voir s’il parvient à terminer un courte distance !

A quand la suite ? Certainement au même endroit mais d’ici quelques années, le temps de laisser Steph s’y essayer, mais ailleurs pour elle !

Merci à tous pour vos messages avant et après.

Yann