Dimanche 26 Juin 2011, Une journée pas ordinaire.

Cette date est particulière car c’est le jour de notre anniversaire de mariage, et oui déjà 12 ans mais quelle drôle façon de le fêter.
Participer à un ironman alors que tranquillement nous aurions pu nous faire une petite thalasso et un petit resto mais pas du tout. Il faut dire que le sport chez nous c’est aussi normal que de manger ou de dormir, c’est notre philosophie et notre moment de bien-être.

Toute la semaine j’avais rongé mon frein et à voir tous ces triathlètes, au village triathlon, affûtés comme des lames de rasoirs et compressés de haut en bas, je m’attendais à vivre un super moment.
Avant la course, l’ambiance était déjà énorme, près de 2600 athlètes et je dirais autant de bénévoles, quelle organisation d’enfer!
Le samedi après-midi c’est dépôt des vélos et c’est un parc immense avec plusieurs tentes de transition. Je dégonfle mes boyaux pour éviter qu’ils n’explosent et après retour au camping de Tourettes-sur-loup où normalement je dois manger mes pâtes. Mais un camion pizza nous attend et sans hésiter je me jette sur une délicieuse pizza 4 fromages et une bière bien fraîche. Je me couche vers 22h00 sans appréhension et sans penser au lendemain.

 Réveil à 04h00 du matin, presque 6h de sommeil avec quelques phases de réveil, certainement la peur de ne pas avoir le réveil qui sonne. J’arrive au parc à vélo à 05h50 un peu juste mais j’ai le temps de gonfler mes boyaux et de remplir un bidon de coca. Çà va je suis dans les temps. J’enfile ma combinaison et direction le départ, auparavant la petite photo d’avant course avec Isa et Clara.
Sur la plage de départ, je choisis le box moins de 55 min. Je suis en 2ème ligne. A ce moment, 10 minutes avant le coup de feu, je rentre dans ma course. J’ai mis mes lunettes et je fixe la 1ère bouée. Je suis concentré et déterminé. Coûte que coûte j’irais au bout et quoi qu’il arrive je donnerai le meilleur de moi. La chaleur me fait un peu peur mais je suis bien entraîné et en pleine confiance. Même si j’ai été battu sur les dernières compétitions (par plus fort que moi). Je sais de quoi je suis capable. Et cela peur paraître prétentieux mais je sais que je peux viser au moins un top 15.
6h30 le départ est donné. Je suis bien placé et je ne prends pas beaucoup de coup. A coté des manches de D2 c’est une balade de santé. Je me retrouve dans un petit groupe et me cale gentiment dans les pieds. Je suis bien, je ne force pas et je peux nager plus vite mais je reste prudent, la journée va être longue. Je préfère m’économiser pour plus tard. La sortie à l’australienne se passe bien et je continue dans le même groupe jusqu’à la fin. Je sors de l’eau en 55min16, c’est ce que je m’étais fixé. Impeccable, ça commence bien.
La transition est un peu plus galère. Je ne trouve pas tout de suite mon sac. J’essaie de ne pas m’énerver. 3Min42 plus tard je suis équipé, casque, lunettes et chaussettes. Au regard des temps, je perd une petite minutes par rapport aux premiers mais c’est quoi une minute sur un Ironman? 

La 1ère partie vélo est plate. Je suis bien positionné et je pars serein. J’ai une bonne allure et je ne force pas. Je reviens peu avant la côte de la Condamine sur un groupe composé de DELSAUT Trevor, SCANLAN Bill, SANTAMARIA PEREZ Alejandro, DEFILIPPIS Scott, MARQUES Sergio et il y aussi BOLVY Florian, un groupe d’âge comme moi. Un arbitre est en permanence avec nous et n’hésites pas à sanctionner si la distance entre 2 triathlètes et trop juste. Je suis bien placé et lors de l’ascension du col de l’Ecre (20 km) je suis dans un bon rythme. Je grimpe plutôt bien. Il fait chaud et contrairement à Embrun, l’année dernière, je pense à bien me ravitailler et ici tout est prévu. Je prends à chaque ravitaillement une barre, une banane et 2 bidons. Au moins je ne serai pas en hypo.
Tout se passe comme je l’aurai pensé. Il n’y a que dans la cote de St Pons (7km) que je me fais décrocher par DELSAUT, MARQUES, DEFILIPPIS et SANTAMARIA PEREZ. Des pros mais je ne m’inquiète pas. Après tout, c’est mon second Ironman et mon but est d’aller au bout.
Dans la descente je suis prudent. Il faut dire que je ne suis pas très bon descendeur et que les stigmates de ma dernière chute me rappelle qu’il faut que j’arrive en vie.
Aux termes de ces derniers lacets il reste 20 km de plat, vent de face. Je prends un dernier ravitaillement et sans le vouloir je décroche mes camarades. J’arrive au parc à vélo seul, à la 13ème position, après un peu plus de 5h02 de vélo. J’avais un peu peur d’être dans le dur mais ça va. 

J’aborde la dernière partie de mon triptyque le mors aux dents. Après avoir lâché mon vélo à un bénévole, je me dirige vers la tente de transition. Basket au pied, visière et crème solaire je pars conquérant. Mais à 12h30 le soleil est au zénith et la température avoisine les 35 degrés facile ; 4 tours à parcourir sans abri mais avec un léger vent.
Décidé et le regard vers l’avant, je pars un chouïa trop vite mais il y a du monde devant et j’ai envie d’aller les rechercher au plus vite. Je boucle le 1er semi en 1h26. Un temps idéal pour casser la barre des 3 h mais sur Ironman il faut rester humble, tout peut arriver et le coup de bambou n’est jamais loin. Et à partir du 25ème, mis à part le coca et l’eau, plus moyen d’avaler quoi que ce soit. Les jambes durcissaient et l’allure régressait sensiblement. A ce moment de la course, je devais être dans les 10.
Plus qu’un tour et demi à parcourir, mais celui là fut très long, J’étais cuit, plus capable de changer d’allure Si je n’avais écouté que mes jambes, j’aurais marché des dizaines de fois. La chaleur m’accablait mais grâce aux encouragements d’Isa et Clara, et en pensant fortement à mes 2 garçons, je ne pensais qu’à continuer et à aller au bout. J’étais dans le top 10 de l’Ironman de Nice à moins de 10 km de l’arrivée.
Au 35 ème L’espagnol me double mais je reste concentré, derrière ça semblait loin mais les minutes défilent très vite quand t’en peux plus. A 2 km de l’arrivée, voyant l’arche, je savais que c’était terminé.
Il y avait une chose que je ne voulais pas rater, c’était mon arrivée. Je m’arrêtais donc dans la finish line pour attendre ma petite fille adorée qui d’ailleurs, me fit un sprint incroyable pour me rattraper: j’ai adoré!! 

Ça y est j’étais au bout: 9h12 d’effort, un moment incroyable, des sensations extrêmes, un sentiment d’accomplissement et de dépassement de soi. Inouï, je me suis éclaté, déchiré, défoncé sur cet Ironman. C’est peut être bizarre mais quel bonheur, quel soulagement et quelle fierté: 1er amateur, 9ème scratch et 3ème français. J’étais sur un nuage et après mettre ravitaillé, je partais voir l’arrivée des autres triathlètes. Quelle émotion de les voir, c’est une discipline extrême mais ça procure des sensations incroyables, et même si c’est un sport individuel on n’est jamais seul et se sentir soutenu comme on peut l’être est énorme.
C’est un drôle de cadeau d’anniversaire que je venais d’offrir à Isa, mais cette journée restera gravée dans nos mémoires à tous les 2.
Un petit bémol à mon périple niçois malgré tout: faire 9ème et ne pas avoir pu monter sur la neuvième marche du classement général lors de la «Heroes night». Et oui, les amateurs ne font pas partie du top 10. Seul les pros sont récompensés. Les amateurs ont un classement à part: par catégories d’âge. Je suis donc monté sur la 1ère marche du classement 35-39ans.
J’ai également refusé le slot pour Hawaï, ce sera pour une prochaine fois, j’espère…..

GGuillaume