Mon Récit de L’EMBRUNMAN

15 ans que je pratique le triathlon sous toutes les coutures sprint  court moyen long ……j’en passe. Mais pas d’ironman. Le constat était là tant que t’as pas fait d’ironman t’es pas un vrai triathlète…. C’est le ressenti que j’en avais.

Qu’importe les victoires, les titres, les performances individuelles ou en équipes. T’es pas un triathlète tant qu’tu n’as pas fait un ironman. Alors un soir de beuverie, « le cap t’es pas cap » ben ça y est on se lance.  Aidé en soi aussi par le fait qu’il n’y ai plus d’équipe D2 (malheureusement).

Je me m’étais fixé 10 semaines de préparation à l’embrun man sans pour autant négliger ma 1ere partie de saison axé sur les formats dit « olympiques ».
Des semaines bien remplies tant au niveau de l’entraînement qu’au niveau professionnel ou familial. Ca ne m’a jamais paru insurmontable. Je ne voulais qu’une chose prendre du plaisir mais surtout ne pas oublier ma famille, mes amis. Pas de restriction sur l’alimentation et l’hydratation et pas de farniente autant dire rien à faire de la diététique et de la récupération.
Par contre t’aura beau passer 2heures dans CASSEL ça ne ressemblera jamais à L’IZOARD. La préparation terminée je me sentais plus ou moins en confiance pour ce défi jusqu’au moment ou il fallut retirer le dossard. Là, je me sentis mal, limite malaise, le fait d’avoir ce dossard en main je ne pouvais plus reculer, j’étais inscrit pour l’EMBRUN MAN le soit disant “Plus dur IRONMAN du monde”.

Tout ce que j’avais fait me paru insuffisant, le doute s’installait heureusement que l’on était samedi matin. Puis tout alla mieux au cours de la journée malgré la pluie qui tombait sans discontinuer. Dépôt du vélo, un parc à vélo gigantesque, Ca y est, on y est, pas de retour en arrière possible. Une petit pasta entre copains me fit du bien et à 23h30 il était temps de se coucher dans moins de 5 heures il fallait se lever.

Réveil sous la pluie, petit déjeuner dans le camion de mon ami yoyo (pain nutella et café) et départ pour le parc à vélo. Là, on retrouve les potes, les visages sont tendus mais l’ambiance et bonne. Ca déconne chez les Dunkerquois. On charrie, on rigole, on ne change pas. La seule chose importante et que l’on soit tous à l’arrivée.

5h50 Les filles viennent de partir, je suis avec Yann en 1ère ligne. Le couteau entre les dents, la pression monte, concentré sur la lumière du kayak car nager dans le noir c’est une expérience inédite et incroyable pour moi.

Pan coup de feu, je m’élance, tout se passe correctement, jusqu’à la fin du 1er tour je suis dans le groupe de tête en dernière position mais dans le groupe de tête. Puis je lâche progressivement, la faute s’en doute à un manque d’entraînement durant les 3 dernières semaines (6 entraînements de 30 minutes en lac c’est pas suffisant). Yann me reprend je reconnais son allure et son style et je me planque dans ses pieds trop content de ne pas devoir lever la tête pour me diriger.
On sort de l’eau ensemble, la 1ere partie est terminé je suis super heureux et on se congratule Yann et moi en se tapant la main.

On sait à présent qu’un dur morceau va devoir être avalé. La transition s’effectue assez bien, j’ai choisi de partir en trifonction mais d’ajouter un maillot de vélo et des manchettes.
Je pars à l’assaut des 188 Kms serein. Jamais ça ne me semblera long je ne connais pas le parcours je suis heureux d’être la et je roule confiant. La différence c’est que je suis super facile sur le plat et un peu moins quand ça grimpe et c’est là le souci. A Embrun, il y a 5000 m de dénivelé positif. Mais je monte à ma main je ne m’inquiète pas de ceux qui me double. S’il me dépasse c’est qu’ils sont plus forts.
L’Izoard passe et en haut j’ai mes potes Nico et Eric qui sont là, ça réchauffe le cœur à la différence du corps. Je me couvre, il caille vraiment, j’ai entendu 0°, je met des gants, un sac plastique sous le maillot et remonte les manchettes. Comme me l’a dit Cédric Plovier, Embrun commence maintenant et c’est là effectivement que j’ai ma 1ere hypo, un coup de moins bien qui durera une quinzaine de kilomètre. C’et pas trop long mais ça passe lentement quand même. Je prends des bidons de l’organisation et surprise 2 gorgées par bidons. pas terrible je fais avec.
La dernière partie est longue, je suis seul, personne devant ni derrière, les Vigneaux puis Pallon passe je me dit qu’il n’y a plus que Chalvet à faire.

C’est fait, je rejoint le parc à vélo en 16ème position, cela c’est très bien passé, pas de douleurs pas de mauvaises sensations je suis bien. J’ai fait le vélo en dedans car le plus dur arrive et le marathon est super costaud.
Je suis à environ 2 minutes d’un petit groupe ou il y a Gilles REBOUL, je pars sur un bon tempo, au 17ème kilomètre j’ai déjà repris 6 coureurs, je suis juste derrière REBOUL, je suis super bien, je souris je réponds aux encouragements, j’ai des frissons et les larmes aux yeux quand je vois ma famille et mes copains mais il y a quelque chose que je néglige et sur Ironman c’est le plus important «les ravitaillements». Le coup de bâton arrive au 25ème, plus d’essence dans le moteur, la tête fonctionne mais les jambes ne suivent plus. Je grimace baisse les yeux commence à avoir les jambes lourdes, j’ai même plus l’énergie pour parler. Malgré cela je ne lâche rien, je prends kilomètre par kilomètre, à 10 kilomètre de l’arrivée je ne pense plus qu’a ça tenir 5 minutes au km mais je dois être à 11 à l’heure alors qu’au 1er tour j’avais 14 de moyenne.

A 1km de la fin je me fais passé par un concurrent rien à faire je ne peux que le regarder faire j’ai juste assez d’énergie pour rejoindre l’arche. Je termine 12ème sans avoir pu courir avec mes enfants car ils n’ont pas pu passer. C’est une déception, je rate mon arrivée, le speaker est en train d’interviewer Gilles REBOUL arrivé 5 minutes avant moi, je passe la ligne presque dans l’ombre. Tant pis, je suis tellement fatigué de toute façon qu’il faut que je m’allonge quelques minutes. Le temps que je retrouve les miens plus d’une heure aura passer mais l’instant que je voulais aussi.
Je suis heureux, fier mais il m’aura manqué quelque chose, ce sentiment de soulagement et du «devoir accompli» que j’aurai pu avoir en étreignant ma famille. Merci à tous ceux qui m’ont envoyés des messages d’encouragements et de félicitation mais surtout merci à Isa, aux enfants et mes potes.

GGuillaume